Une identité affirmée

Ce pays rural, bosselé, aux sols granitiques pauvres, au climat parfois rude, contourné par les grands axes de communication, que l’on pourrait croire renfermé sur lui même, isolé, s’est toujours ouvert vers l’extérieur (le thème de l’Écomusée du Morvan est d’ailleurs consacré à « une Terre d’échanges et de migrations »), irrigué par les échanges économiques, sociaux, culturels, sans perdre son authenticité.

Un pays comme le décrit Jean Séverin dans « Morvan du cœur et de la mémoire », « aux horizons nobles. Il ne se confie guère depuis les vallées. Il faut gravir les hauteurs pour qu’il se livre d’un seul regard. Du Beuvray ou du calvaire de Château-Chinon, de la terrasse de Vézelay au signal d’Uchon, le massif s’offre à nous sous la dentelle de nuages. Une longue houle de pays muets, un paysage si bien composé, mesure de ciel et d’espace d’où l’homme n’est jamais absent : villages endormis, lacs et étangs, l’immense crinière de la forêt celte, avec la cicatrice des rivières et des routes qui mènent vers la vie. Un pays toujours pur et qui a gardé, malgré les frontières administratives, une unité intérieure. »

D’un habitat traditionnel rural façonné par l’histoire agricole particulière de ce territoire, entre pauvreté, autarcie et modernisation récente grâce à l’argent des nourrices, à des parlers qui correspondent assez bien au Morvan géologique, comme s’il y avait une relation entre le granite et les mots, en passant par des expressions orales et musicales, des pratiques sociales comme les veillées où se racontent encore contes et légendes, des évènements festifs et commerciaux qui organisent la vie sociale et économique (foires, comices, festivals,..), des savoir-faire qui se perpétuent (ou qui renaissent),… autant d’éléments qui permettent à une communauté de se reconnaître comme étant du Morvan.

Que ces populations soient d’ailleurs natives depuis plusieurs générations ou d’implantation récente, souvent en recherche d’authenticité, d’identité,… apportant avec elles d’autres traditions, d’autres modes de vie,.. et permettant ainsi un brassage contemporain très riche.

La présence, depuis 1970, d’un Parc naturel régional sur ce territoire est d’ailleurs un signe évident que les Morvandiaux, au-delà de faire reconnaître le caractère exceptionnel de leurs patrimoines naturel, paysager, et culturel, ont voulu affirmer cette identité et cette singularité par une représentation géographique et politique incarnée, faisant fi des découpages administratifs qui se sont succédé depuis plus de deux siècles, sans parler de « l’hymne de la Morvandelle », souvent oublié car peu porteur de modernité, que certains brandissent encore comme le symbole d’une unité préservée.